Nous continuons notre série d’articles fondés sur des courriers que nous avons reçus de M. Reynouard, et que désirons partager avec les lecteurs du Blogue Sans Concession.
Dans cette quatrième partie, M. Reynouard explique pourquoi il n’éprouve aucune haine à l’égard de ses adversaires.
(Pour ceux qui ne les auraient pas encore lues,
la première partie de ces lettres se trouve à cette page-ci,
la deuxième partie, à cette page-là,
la troisième partie, à cette page-là).
Pour en savoir plus sur la façon dont nous sommes arrivés au texte que nous publions ici, veuillez vous reporter à l’introduction à cette série d’articles.
Nous vous souhaitons une agréable lecture.
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[SC. Vous dites que les épreuves rencontrées dans le cadre de notre mission de vie nous permettent d’évoluer en nous bonifiant. Sachant que, le plus souvent, les épreuves ont résulté de l’action de vos adversaires, faut-il en conclure que vos adversaires vous sont bénéfiques?]
VR. Sur le plan collectif, c’est-à-dire dans le domaine social, mes adversaires sont des ennemis que je dois combattre. Tel est l’objet de ma mission révisionniste au sens large.
Sur le plan individuel toutefois, mes adversaires sont des gens qui jouent leur rôle dans ma vie, afin de me faire vivre les épreuves dont je dois m’efforcer de tirer parti. De la même façon, je les soumets à des expériences destinées à les faire évoluer. Au ciel (j’adopte cette expression commune par facilité), nous serons tous réconciliés, car nous comprendrons tout au regard du plan divin.
On comprend alors pourquoi je n’éprouve nulle haine à l’encontre de mes adversaires. Si, par exemple, conduisant sur une route de France, je voyais, sur le bord de la chaussée, le maire d’Oradour à côté de sa voiture en panne, je l’aiderais bien volontiers, car dans cette situation, je verrais en lui l’instrument que la Providence a désigné pour contribuer, en se dressant sur ma route, à mon évolution. Ce sont les discours que je combats, et non ceux qui les tiennent ou qui les protègent.
De là mon amabilité avec les forces de l’ordre qui m’arrêtent et qui m’interrogent. Le 10 novembre dernier, six policiers sont venus m’appréhender. Je leur ai demandé pourquoi ils s’étaient présentés si nombreux. «Nous ignorions qui nous allions arrêter», m’ont-ils répondu. Je leur ai dit: « Vous faites votre travail: pourquoi vous en voudrai-je? ». L’ambiance s’est très vite détendue. Sur la route d’Édimbourg, ils se sont arrêtés pour prendre un café. Ils m’en ont offert un avec plaisir et nous avons bu ensemble, en discutant tranquillement.
À Bruxelles, l’inspecteur qui s’occupait des affaires de révisionnisme s’appelait Cornélis. Nous avions une relation de confiance. Un jour, il arriva vers 7h30 pour perquisitionner. Je partais emmener mes enfants à l’école. Je lui dis: « Commencez sans moi, inspecteur, vous savez où c’est!
— Je ne peux pas, me dit-il, ce serait illégal.
— Mais je dois emmener mes enfants à l’école! »
L’inspecteur se tourna vers l’un de ses subordonnés et lui demanda de prendre la voiture pour emmener mes enfants. Le soir, ceux-ci revinrent tout excités: « On a été dans la voiture de police, il y avait plein de boutons partout! »
Une autre fois, l’inspecteur arriva plus tard, alors que j’allais conduire mon épouse et deux de mes enfants chez le médecin. Là encore, il demanda à un subordonné de le faire pour moi. Mon épouse me raconta qu’une fois arrivé chez le médecin, le subordonné lui dit: « À quelle heure dois-je venir vous rechercher? » Elle le remercia de son amabilité et lui dit qu’elle rentrerait en transport en commun.
L’inspecteur Cornélis était correct avec moi, car j’étais correct avec lui. Voilà pourquoi, si j’arrivais au pouvoir, je n’organiserais pas d’épuration. Je ne suis pas un homme de pouvoir, et je ne puis parler qu’en mon nom. J’ai en outre conscience que le gouvernement d’un pays impose parfois de prendre des initiatives sévères, voire radicales. Toutefois, si demain nous arrivions au pouvoir, je ne réclamerais aucune épuration. Toutefois, je demanderais que les juges qui m’ont frappé lourdement quittent leur poste, non par vengeance personnelle, mais afin d’éviter que, soucieux de se faire pardonner, ces gens ne soient impitoyables avec mes ennemis d’hier. Utiliser ce travers de la psychologie humaine serait indigne. Bref, en cas de retournement de situation, mes ennemis d’hier n’auraient rien à craindre de moi: pourquoi en voudrais-je à des individus qui ont été des outils de la Providence?
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La suite de cette correspondance paraîtra prochainement. Restez à l’écoute !